Cette recherche a été menée entre juin 2014 et octobre 2015, dans une méthode de revue non systématique itérative, afin d’aider le formateur en simulation à construire une vision claire des différentes méthodes et techniques employées dans le débriefing. Cette revue critique examine les éléments de processus utilisés dans le débriefing, aspect crucial du processus de simulation en santé.
Le débriefing peut intervenir après ou pendant la séquence de simulation et être conduit par un facilitateur ou par les participants eux-mêmes. Les éléments du processus de débriefing intègrent des techniques permettant d’utiliser l’expérience réflexive et de maximiser les apprentissages. Cette réflexion sur l’action est le principe clé de la théorie d’apprentissage par l’expérience de Kolb qui décrit comment l’expérience apporte une première source d’apprentissage et de développement.
Le feed-back est défini comme une information sur la performance à sens unique vers l’apprenant avec l’intention d’élever son niveau futur de performance. Par contraste, le débriefing est défini comme une discussion/conversation interactive, bidirectionnelle et réflexive favorisant le processus d’apprentissage.
4 domaines clés thématiques du débriefing de simulation santé ont été identifiés et examinés : les temps, la méthode de facilitation du débriefing, la structure de débriefing, les éléments de processus du débriefing
2 cadres de temps ont été identifiées pour le débriefing : après la réalisation du scénario (a posteriori) ou durant la réalisation du scénario. Le débriefing pendant le scénario (plutôt en simulation procédurale) est toujours guidé par un facilitateur, contrairement au débriefing a posteriori qui peut être auto-guidé ou guidé par un facilitateur. Cette dernière forme de débriefing est la plus commune, car elle permet de mieux structurer le temps et le contenu des échanges en différentes étapes.
Trois phases de débriefing décrites par Rudolph et al représentent la base : Expression des réactions et émotions des participants, Analyse des évènements, Synthèse et appropriation des gains de pratique mis en lumière. Les méthodes 3D de Zigmont et al, GAS de Phrampus, ou Diamant entre autres, suivent le même déroulement. Certaines méthodes ajoutent à ces trois phases incontournables, des temps ciblés de partage de la représentation mentale de la séquence (PEARLS), de centrage sur les interactions et relations (TeamGAINS) ou de comparaison du réalisé à un standard (AAR).
Dans la littérature, 3 grands types d’éléments de processus de débriefing ont été identifiés : les éléments essentiels, les techniques de discussion/stratégies d’éducation, les éléments complémentaires du débriefing.
7 éléments essentiels sont ainsi décrits avec, avant le débriefing la pertinence d’assurer la sécurité psychologique pour favoriser les apprentissages, pour le facilitateur d’adopter une posture positive et d’énoncer les règles du débriefing, mais aussi pendant le débriefing, l’utilité d’établir une représentation mentale partagée, de fixer des objectifs d’apprentissage clairs, de poser des questions ouvertes et de respecter les silences favorables à la réflexivité.
Les techniques de discussion et stratégies éducatives sont principalement appuyées sur la méthode plus/delta (ce qui a bien fonctionné/ce qui peut être amélioré). Les principales techniques sont celles de l’Argumentation-enquête (le facilitateur expose ce qu’il a observé puis le questionne), de l’Auto-correction (les apprenants critiquent eux-mêmes l’action) et des questions circulaires (un participant tiers exprime sa vision de la relation entre deux autres participants)
Enfin, 3 éléments annexes sont cités comme susceptibles d’améliorer l’environnement d’apprentissage. Il s’agit du co-débriefing (avec plusieurs facilitateurs qui se complètent dans leurs expertises), du script de débriefing (trame guide écrite qui structure la séquence) et de revue de vidéo durant le débriefing (dont la pertinence repose sur le bon ciblage des temps à visionner pour favoriser les apprentissages clés).
Le débriefing est un moment crucial du processus d’apprentissage par simulation. Le facilitateur dispose de nombreux éléments de process pour optimiser le débriefing, sous forme d’une boîte à outils dans laquelle il choisit en fonction de la séquence, du groupe, des objectifs pour se sentir à l’aise en situation, étant posé qu’il n’y a pas de « meilleure » méthode.
Les apprenants semblent préférer le débriefing a posteriori, qui, avec le feed-back a posteriori, montrent une appropriation des compétences plus durable.
S’appuyer sur une structure prédéfinie et des outils solides permet au facilitateur de mieux guider la séquence de manière ordonnée, d’optimiser le temps, de maintenir la discussion dans les rails prévus et de se centrer et de centrer le groupe sur les objectifs principaux d’apprentissage.
Jean-Luc HERCE