“A CRITICAL REVIEW OF SIMULATION-BASED MEDICAL EDUCATION RESEARCH: 2003–2009”.
McGaghie W, Issenberg S, Petrusa E, Scalese R. Medical Education 2010:44:50–63
doi : 10.1111/j.1365-2923.2009.03547.x
Cet article de 2010 fait une synthèse qualitative de la recherche et des publications concernant la formation médicale basée sur la simulation entre 1969 et 2009.
Il repose, d’une part, sur une synthèse des 3 principales revues de la littérature historique parues entre 1969 et 2003 concernant la formation médicale par la simulation, d’autre part, sur une réflexion critique à partir d’une sélection de recherches scientifiques menées dans ce domaine entre 2003 et 2009. Le champ de la simulation interdisciplinaire a été exclue car, à l’époque, trop peu développée.
Les auteurs dégagent et discutent 12 axes forts contribuant aux bonnes pratiques de simulation en santé et à son efficacité pédagogique. Ceux-ci sont discutées au regard des preuves scientifiques de l’époque et des questions restant à approfondir.
On retrouve :
- L’importance et qualité de la rétroaction en simulation en santé : les travaux de Rudolph sur le débriefing formatif y sont mis en avant, de même que les travaux de Salas proposant 12 pratiques de débriefing exemplaire, ou encore de Gaba sur les différentes sources de rétroaction à combiner entre elles…. Notons que le(s) type(s) et la dose de rétroaction optimaux restent à déterminer.
- La pratique délibérée : s’appuyant sur les travaux de K Anders Ericsson fondés sur le traitement de l’information et les théories comportementales de l’acquisition et du maintien des compétences, ceux-ci nous rappellent l’importance d’un enseignement centré sur l’apprenant.
- L’intégration de la simulation au sein d’un curriculum de formation adapté : la formation par la simulation est complémentaire des autres modes d’apprentissage, y compris de la pratique clinique. Le curriculum optimal reste à construire et est souvent mis à mal par les difficultés organisationnelles.
- La mesure des résultats : la mesure de la compétence clinique en simulation est un sujet essentiel mais complexe. Elle s’appuie sur l’évaluation par observation des participants (source de nombreux biais), les réponses des participants et sur l’utilisation des capteurs haptiques, perçus à l’époque comme un espoir d’optimisation sous réserve d’une amélioration de leur fiabilité.
- La fidélité de la simulation : pour une utilisation efficace de la simulation médicale, ce sont les objectifs visés qui doivent guider le niveau de fidélité et l’adaptation de l’outil utilisé. La simulation multimodale (simulation hybride) semble prometteuse.
- L’acquisition et le maintien dans le temps des compétences acquises en simulation : les recherches portent essentiellement sur l’acquisition des compétences procédurales. Concernant le maintien des compétences dans le temps, les résultats apparaissent discordants selon la compétence étudiée, le degré d’apprentissage, la pratique et le temps écoulé.
- L’apprentissage de la maîtrise : elle repose sur 7 caractéristiques, et vise à ce que tous les participants atteignent tous les objectifs ciblés. Le temps nécessaire varie selon les participants.
- La transférabilité des apprentissages : bien que les études pour démontrer l’atteinte du niveau 4 de Kirkpatrick soient difficiles à mettre en œuvre, plusieurs recherches documentent déjà l’intérêt sur le terrain professionnel et la qualité des soins de la formation par la simulation.
- L’intérêt de la simulation pour la formation au travail d’équipe : les travaux de Salas sont mis en avant, proposant 8 clés d’intégration des compétences de travail en équipe lors des formations par la simulation.
- La simulation pour la formation certificative : l’amélioration des méthodes de mesure en simulation ouvre la voie d’une utilisation à visée certificative, initialement en simulation procédurale pour des gestes à risque, puis avec l’apparition des ECOS.
- La formation des formateurs : il s’agit d’un large champ de travail restant à explorer…
- Les contextes scolaire et professionnel : l’authenticité des situations est un point majeur pour l’évaluation des compétences professionnelles, plus que les caractéristiques techniques des simulateurs. Par ailleurs, contexte institutionnel (expertise et engagement des formateurs, soutien institutionnel…) contribue significativement au succès de la simulation dans les formations en santé. Là encore, c’est un champ de recherche large pour mieux comprendre l’implication des caractéristiques contextuelles et améliorer la performance de l’enseignement par la simulation.
Cet article nous montre que les bases de nos pratiques actuelles étaient déjà bien présentes, et que bon nombre de questions posées restent d’actualité plus de 10 ans plus tard…
Les champs de recherche sont encore vastes et ouverts !